25 décembre 2015

Sur la médecine de l'Ourse et un tas d'autres trucs - I




je pense à la chaleur que tisse la parole

autour de son noyau le rêve qu'on appelle nous



~ Tristan Tzara, dans l’Homme approximatif

Quand j’étais petite, le français était la langue de la civilisation, de l’école, des livres, des gens de l’extérieur. Chez moi, au plus chaud du foyer, je parlais alsacien, un dialecte germanique de France. Je parlais un alsacien teinté des dialectes rapportés par mes grands-parents venus de l’est. Un alsacien avec quelques mots de français bidouillés, lorsque j’en avais besoin pour dire quelque chose, et que le vocabulaire me manquait. On fait avec ce qu’on a sous la main, et si ça fonctionne, on garde [ceci devrait vous rappeler quelque chose #witchesdoitbetter ].

A l’extérieur de chez moi et d’une cellule familiale très restreinte, il ne me serait jamais venu à l’idée de parler en dialecte. Langue de bouseux, d’illettré, de nazi. Pas simple d’avoir comme langues mères des ennemies ancestrales. Des langues qui renvoient à des expériences fondamentalement différentes de la Réalité (de la quoi ?!), l’une ancrée dans l’enfance et ses perceptions, l’autre dans le monde du raisonnable et du bien sous tous rapports. Et chacune avec une histoire compliquée et bien souvent manipulées à des fins politiques.

Je pourrais m’étendre là-dessus mais ça n’est pas vraiment l’objet. Ce qui est intéressant c’est que ce bilinguisme assez conflictuel m’a très tôt fait prendre conscience de quelque chose ; c’est qu’il existe un Monde, des Mondes, au-delà du Nommé. Que les mots sont teintés d'idéologies et de conceptions normées. Lorsque parfois ma parole, ou même ma pensée, a pu bloquer face à la difficulté d’exprimer quelque chose par manque de mots, lorsque l’hésitation entre la langue à utiliser s’est manifestée, lorsque dans une situation je me suis sentie bousculée dans l’une ou l’autre de mes identités (interpelée sur mon accent, invitée à parler en alsacien en public, par exemple), lorsque les deux langues entrent en conflit dans un même instant, le seul refuge possible, qui n’était pas oppressant pour moi, qui était à la fois espace de liberté, de silence, et de sens non dogmatique, était ce Monde entre les Langues.

Lorsque j’ai commencé à méditer, puis à pratiquer la sorcellerie et la magie, j’ai retrouvé avec étonnement des sensations  vécues dans ces moments de trouble linguistique ; et j’ai eu très vite l’intuition que le gros du travail, pour avancer sur ma voie, serait de dégager la route vers ce Monde pour mieux y pénétrer. D’extraire la Conscience des liens tissés par les mots pour la libérer de toute restriction, de toute oppression. 

Au vu de certaines pratiques recommandées lorsqu’on débute, comme celle de « l’unnaming » de Phyllis Currott, je n'étais peut-être pas tout à fait à côté de la plaque. 

A force de pratiques, de lectures, de réflexions et d’expériences de vie, ce Monde m’est devenu plus accessible. Ou plutôt, comment dire ? J’ai perçu que j’y étais en permanence. Que nous tous y sommes en permanence. Je ne sais pas vraiment à quel moment, ou suite à quoi, ça s’est fait. Une simple prise de conscience que je marche toujours à la frontière entre ici et ailleurs. Que la liminalité est un espace d’exploration en tant que telle. Et qu’à vrai dire, il n’y a pas de frontière ; la liminalité est partout. Et pour commencer, à l’intérieur de soi.

Et l’ourse dans tout ça ? La voilà, oui, enfin. Elle est ma première alliée dans cet « Autre » Monde où les mots n’existent pas, où seule réside la Conscience. Elle est l’animal, l'atavisme (? cacedédi à Nemn) qui m’aide à m’y glisser doucement. Qui m’aide à ôter les étiquettes-mots des "objets" qui m’entourent afin de les expérimenter pour Ce qu’Ils Sont  "Réellement". 

Je suis sûre qu’elle peut aider qui le souhaite sincèrement à faire de même, et c’est le propos de mon article. Oui, j'y viens.

Bedtime stories, Jessica Boehman
L’ourse a commencé à se manifester chez moi dans des visions. Au début, j’aimais simplement son côté lent, chthonien, bourru et solitaire dans lequel je me retrouvais aisément, et je recherchais ce contact. Le simple plaisir d’avoir trouvé un animal qui faisait écho en moi, moi qui n’était en apparence que peu sensible à la médecine des animaux, a rapidement cédé la place à des expériences plus signifiantes.

Je la retrouvais sous terre, quelque part, parfois sous un arbre, parfois sous la neige ; elle m’accueillait sous sa fourrure, me couvrant entièrement, comme son petit, me laissant dormir contre elle, sous elle, tandis qu’elle-même hibernait. C’est, comme elle me l’a fait comprendre, sa Grande Hibernation, qui ne s’arrête jamais - même si, à vrai dire, elle se manifeste aussi à moi, simultanément, en état de veille. C’est le premier enseignement qu’elle m’a délivré : Il n’y a pas de différence entre veille et sommeil ; entre rêve et non-rêve. Entre vision et réalité. Entre états conscient et inconscient. 

L’Ourse est celle qui ouvre les yeux du sommeil. Y compris lorsque le corps semble tout à fait actif et réveillé.

Pour me faire comprendre ça, elle m’a parfois coupé de tous mes récepteurs sensoriels, en fermant mes yeux, en bouchant mes oreilles, en m’amenant à garder les lèvres closes et à ralentir mon souffle, dans l’immobilité la plus parfaite. Suffisamment chaude et rassurante pour faire taire l’esprit, suffisamment aimante pour permettre à l’âme de se déployer dans le silence enfin retrouvé, et ce sans que l’angoisse surgisse. J’ai fait assez tardivement le lien entre ces rencontres avec l’Ourse avec une pratique tantrique que je trouve assez éprouvante, le yoni mûdra, ou « sceau de la déesse ». Je ne l’ai explorée que peu de fois car elle réclame une bonne préparation pour être réalisée de manière optimale. Mais elle est une extraordinaire technique de purification et d’éveil du troisième œil ; le chemin n’est pas tout à fait le même, certes, mais ce que j’ai pu vivre, ainsi "endormie" auprès de la Mère Ourse, trouvant le repos et la paix avec elle, dans un même Sommeil, m’a également appris à Voir. Et je ne peux que vous inviter à vous y essayer.

24 décembre 2015

Pourquoi tu pourrais bien être une sorcière

 
 
 
Parce que parfois tu rêves de voler 
à la manière dont tu le faisais avant.

Parce que le feu passe toujours au vert pour toi.

Parce que lorsque tu jettes les miettes de ton sandwich
aux moineaux du parc, ils sautillent de plus en plus
près, jusqu'à se percher sur ton doigt
pour t'observer en biais.

Parce que lorsque tu marches dans la rue,
le vent joue avec l'ourlet de ta jupe
la faisant voler avec grâce autour de tes chevilles.

Parce que lorsque tu marches, déterminée et raisonnable,
ton ombre danse à tes côtés.

Parce que beaucoup de gens parlent aux chats
mais à toi, ils répondent.

Parce que les arbres qui se tiennent au bord de la route
aiment te montrer leurs feuilles, allant jusqu'à les agiter
devant toi, du jaune veiné de rouge, du marron tacheté de vert et de jaune,
tels des enfants exhibant leurs dessins.

Parce que lorsque tu lèves les yeux,
la lune sourit toujours.

Parce que parfois l'obscurité se referme autour de toi
et tu te souviens que tout va bien,
tu as déjà porté ce manteau auparavant.

Parce qu'en hiver tu vois dans la neige un manteau
mais aussi un linceul,
après tout nous devons tous dormir parfois.

Parce qu'au printemps tu peux entendre le bruit de clochette
émanant des crocus, et les vibrations plus profondes s'échappant des tulipes.

Parce qu'en s'écoulant dans son lit, la rivière te salue de ses vagues,
et tu réponds du même geste.

Parce que même les pierres de cette ancienne ville
t'observent avec attention ; désireuses de te savoir bien.
Tu leur appartiens autant qu'elles t'appartiennent.

Parce que les sorcières savent qui elles sont
et si je te demande, tu te souviens ?
Il faudra bien que tu confesses que oui,
tu te souviens.

~ Theodora Goss
Traduction et adaptation personnelles



15 juillet 2015

Mère, pourquoi m'as-tu abandonnée ?

Cet article a été rédigé les 10 et 11 juillet.                                                                           

J'ai bientôt 34 ans, l'âge du Christ il paraît.

"C'est plus grave que ce qu'on pensait."


La petite phrase qu'on craint tous d'entendre, après une intervention bénigne.
Cette petite phrase, on me l'a dite il y a quinze jours bientôt. 

"Il va falloir faire des examens et vous réopérer. Je suis désolée."

La biopsie est claire, il ne faut pas traîner. Ordonnance d'irm, de scanner, prises de sang, tout s'enchaîne, vite. Partout, il y a écrit URGENT, en grandes lettres qui hurlent sous mes yeux. Je sors du cabinet, complètement sonnée, hagarde. On hésite à me laisser repartir, "vous voulez que je vous mette en arrêt ?". Surtout pas. Rater les derniers jours de classe, alors que je ne ferai peut-être pas la rentrée ...

J'explose dans la voiture. Il n'y a pas de mots.


Et vite, très vite, la question : pourquoi ? pourquoi moi ? Je me sens trahie, affreusement trahie. Tout se mélange, il n'y a pas d'avant, plus d'après. Rentrée chez moi, devant mon autel, les mots et les images s'emmêlent. Je pleure aux pieds de la Mère, celle à qui je dis m'être consacrée, et je m'en sens loin, si loin. J'ai cherché tant de fois son Baiser, je l'ai invoquée et appelée à moi, je l'ai senti en moi et autour de moi. Est-ce ça le prix à payer ? J'ai tant donné, et on me prend tout ? Brisé par l'angoisse, mon corps m'échappe, je me sens dévorée, rongée par la putréfaction. L'haleine de la Mère est fétide, son Baiser ne peut-il être que celui de la Mort ? Est-Elle réellement la Maudite, la Mère de toutes les Abominations ? Me serais-je trompée de chemin ? Ma voix est devenue multiple, aux mantras à Kâli viennent se mêler les prières que je prononçais enfant et qui me rassurait dans le noir de ma chambre. Tout est devenu [Auc]Un.


1. Voici le secret du Saint Graal, à savoir le vase sacré de notre Dame la Prostituée, Babalon la Mère des Abominations, la fiancée de Chaos chevauchant notre Seigneur la Bête.
2. Tu transvaseras ton sang qui est ta vie dans la coupe en or de sa fornication.
3. Tu mêleras ta vie à la vie universelle. Tu n'en conserveras pas une seule goutte.

~ Liber Cheth, Aleister Crowley


Qu'est-ce qui me reste maintenant ? Tout, absolument tout est devenue Peur. Immense Peur. Je m'y accroche, je m'y replie. Et doucement je comprends que c'est cette Peur que je dois sacrifier, qu'alors j'aurai fait le plus grand don de moi-même, celui qu'Elle attend.

Je me relève et je marche, je pars marcher pendant des heures, seule, à réciter des mantras dans les champs de ma campagne alsacienne, je dois avoir l'air un peu folle pour les messieurs dames qui promènent leurs chiens. Je m'arrête à l’église et je prie devant la Vierge, devant Sainte-Odile. Je prie. Au pied de chaque arbre, je prie. Sur le petit pont au-dessus de ma rivière, je prie.

Devant mon autel, je prie. J'essuie mes larmes, je chasse ma Peur. Nous sommes tous en train de mourir, moi comme vous autres, que l'heure arrive demain ou dans trente ans n'a pas de sens, le Temps n'existe pas. J'ai toujours eu un doute concernant la Vie, est-ce vraiment un cadeau ? Je me rappelle les crises d'angoisses extrêmement violentes de mon adolescence ; les phases de dépression ; ces quelques moments où, sur l'autoroute, j'ai hésité à donner un coup de volant bien brusque pour finir dans la glissière de sécurité. Et maintenant ?

L'expérience de Vie n'est rien d'autre que ce qu'on en fait. Je choisis de la saisir et de l'embrasser de toutes mes forces, en parfait Amour et en parfaite Confiance.

Alors, devant l'autel, j'offre des danses à Notre Dame. Peut-être mon corps sera-t-il bientôt mutilé, peut-être ne sera-t-il plus ; en réalité, ça n'a pas d'importance, mon corps ne m'appartient pas. Il y a quelque chose d'infiniment douloureux dans ce constat ; mais aussi une Extase que je ne soupçonnais pas jusqu'alors. "Je" danse et "Je" se dissout dans le Corps et dans l'Amour de Celle qui Est. Je m'offre à Sa Coupe. Jusqu'à la dernière goutte.

Prises de sang, salles d'attente, machines assourdissantes. J'ai toujours eu peur de l'hôpital, la moindre seringue me fait tourner de l’œil. Et là en l'espace de dix jours, on me vide de mon sang, on m'injecte quantités de produits invasifs ; je passe entre les mains d'un nombre impressionnant de personnes. Je me sens morcelée, déchiquetée ; et pourtant chaque personne est d'une douceur, d'une présence réconfortante. Chacun est un visage de la Déesse. J'apprends beaucoup. Je me promets, si je ressors de tout ça, de m'en souvenir avec mes élèves, avec mes proches. Dieu Elle-Même est en chacun de nous, et nous avons la potentialité de l'incarner pour nous-même, comme pour autrui, en dirigeant notre Intention avec Conscience, notre Volonté avec Amour. Je pleure en entendant telle infirmière annoncer à cette femme venant de subir une mammectomie, en salle de réveil : "le ganglion est négatif, c'est une si belle nouvelle, non ?" Je pleure en voyant cette autre infirmière allumer la cigarette d'un patient visiblement en fin de vie, sur le parvis de l'hôpital, et lui tenir la main. Je pleure en croisant ces enfants portant un masque au pôle cancérologie infantile, ces parents aux yeux vides mais tellement emplis d'amour eux aussi.

Je pleure avec le sentiment que le Voile cachant toute la Beauté Terrible du monde se déchire.

Et que je me déchire avec lui.

                                                                             *

Alors que je suis sur le brancard devant le bloc opératoire, avant ma deuxième opération, la médecin qui me suit est venue me voir. "J'ai eu tous vos résultats, il n'y a rien de rien."

Rien au scanner.
Rien à l'irm.
Rien de détecté au niveau du sang.
Tout a été enlevé.

L'intervention ne se voudra donc qu'un contrôle. Il faudra que je sois surveillée ensuite, et la moindre alerte pourra donner lieu à une opération plus lourde. Mais pour le moment, il n'y a Rien. Je pleure encore une fois, de joie cette fois-ci. Dans quelques heures je serai rentrée.

                                                                               *


Alors, aujourd'hui, je danse pour Notre Dame. Mon corps est encore endolori, mais je danse. Le goût de la Peur est toujours sur ma langue, et je sais qu'il peut revenir vite.

Mais je danse.





1 juin 2015

Le rite des sept jarres

Rituel proposé par Storm Faerywolf sur le site Feri Tradition.
Traduction et adaptation personnelles.

[J'ai volontairement supprimé l'introduction dans un premier temps, afin que l'article ne soit pas trop long. Sa traduction suivra sous peu. De plus, le concept des "trois âmes", propre à la tradition Feri, est à connaître pour une bonne réalisation du rite. Vous trouverez quelques informations à ce sujet ici.]

Ce rituel a été inspiré par des expériences de transe vécues par mon époux, Chas, à partir desquelles il a créé un exercice méditatif. J'ai repris son idée de base et l'ai développée dans une forme rituelle qui peut être utilisée individuellement et en groupe.

 Peacock Angel, par Adam Scott Miller

Matériel requis :
* Un miroir noir ou support similaire utilisable pour la divination
* Quelques plumes de paon dans un vase
* Un crâne ou une image de crâne (de préférence humain)
* Sept petits récipients (jarres)
* Un calice (chaque participant devrait avoir  le sien)
* Une petite carafe d'eau
* De l'huile consacrée
* Une bougie noire
* Une bougie bleue
* Une bougie rouge
* Une bougie violette
* Une cloche

Au centre de votre espace de travail, préparez un autel au Dieu Bleu sur lequel seront placés les bougies, les sept récipients, la carafe d'eau et le vase de plumes de paon. A la limite ouest du cercle placez le crâne.

Alignez vos trois âmes, ancrez-vous et centrez-vous. Créez un espace rituel (en projetant un cercle par exemple). Allumez la bougie de la Déesse Étoile (la noire) en prononçant les invocations que vous avez l'habitude d'utiliser. Réalisez le rite de purification par l'eau.

Invoquez l'esprit du serpent en allumant la bougie rouge :

Serpent chthonien,
Enroulé sur toi-même dans les profondeurs
Porteur de la flamme écarlate élève-toi jusqu'à nous
Et emplis-nous de Passion et de Pouvoir !

Sur la dernière phrase, imaginez les points correspondants du Pentacle de Fer invoqués dans votre corps, et la ligne qui les relie brillant clairement et intensément.

Invoquez ensuite l'esprit de la colombe en allumant la bougie bleue :

Colombe céleste
Qui étend ses ailes à travers les cieux
Porteuse de la flamme bleue, descends jusqu'à nous
Et emplis-nous de Fierté et d'Ego !

A nouveau, imaginez ces points de Fer et les lignes qui les relient bien brillantes.

En prenant en même temps la bougie rouge et la bougie bleue, utilisez leurs flammes pour allumer la bougie violette, unissant ainsi les pouvoirs des Jumeaux :

Serpent ailé ! Melek Ta'us !
Premier né arc-en-ciel, lumière de Dieu
Répands-toi sur la terre et dans les cieux
Et unis toi à nous, au nom du Sexe !

Permettez alors à l'énergie de tous les points activés du Pentacle de Fer de circuler jusqu'au point du Sexe, qui s'illumine alors avec une flamme cristalline aux teintes arc-en-ciel.

Laissez votre corps énergétique s'ouvrir comme si vous vous ouvriez à un amant. Tendrement. Passionnément. Érotiquement. Imaginez sa lumière arc-en-ciel briller jusqu'au plus profond de vous... Vous chargeant avec le pouvoir et l'intention de faire face à votre véritable Moi.

Lorsque vous vous sentez suffisamment chargé, regardez dans le miroir noir, afin de voir votre propre reflet. Restez ouvert et calme... Regardez au plus profond de votre vie et de votre pouvoir. Soyez attentif à toute vision qui pourrait se manifester.

Faites une prière afin qu'il vous assiste dans la découverte et dans le face-à-face avec votre propre honte cachée :

Ange Paon ! Seigneur Paon !
Lumière illuminant l'obscurité
Fais descendre à présent la flamme arc-en-ciel
Qu'ainsi la honte secrète se révèle
Rejoins maintenant l'Enfer !

Laissez la lumière arc-en-ciel descendre au plus profond de ces espaces sombres et dissimulés. Laissez-la illuminer cette zone de votre vie que vous gardez enterrée - à laquelle vous ne souhaitez pas penser. Rappelez-vous ce moment de votre vie qui vous a fait sentir coupable, ou honteux. Cela peut être quelque chose que vous avez fait à autrui, quelque chose qui vous est arrivé, récemment, pendant votre enfance, etc. Si cela devient trop douloureux, relaxez-vous et rappelez-vous l'alignement de vos trois âmes.

Imaginez que ces sentiments font partie d'un feu secret, toxique, qui brûle silencieusement en vous. Sentez comme ce feu est semblable à une petite sphère de flamme toxique qui brûle quelque part dans votre fetch, en-dessous de votre nombril. Ressentez comme il appelle à lui la moindre once de votre propre pouvoir afin de le retourner contre vous : éveillant un sentiment d'inutilité, de honte, de culpabilité... vous faisant vous sentir affaibli... Effrayé... Seul... Et particulièrement ces sentiments que vous gardez pour vous-mêmes... Peut-être ces peurs de blesser quelqu'un... De vous blesser... De vous imposer à quelqu'un, ou de détourner sa volonté. Peu importe ce que c'est... Même si vous ne comprenez pas de quoi il s'agit... Laissez-vous le ressentir... Laissez-vous y faire face... Et laissez son pouvoir brûler dans cette sphère de flamme toxique à l'intérieur de vous. Voici la présence de votre propre enfer personnel.
Retenez ces émotions en vous, et autorisez-les à briller. Les émotions ne sont rien d'autre que de l'énergie coulant à travers votre psyché, alors laissez cette énergie se construire et briller. Constatez qu'il s'agit en fait de pouvoir, et que, même s'il s'est opposé à vous jusqu'ici, vous pouvez le contrôler, le dompter, le transformer. Quand vous sentez cette énergie atteindre son apogée, inspirez trois fois dans votre sphère infernale, afin de sceller ce pouvoir en elle.

Ressentez comme Melek Ta'us sent votre douleur. Comme il sent la douleur de tous ceux qui souffrent. Imaginez-le, plus large que la vie elle-même, se tenir devant vous, sa lumière irradiant dans toute la pièce, le ciel, le monde. Imaginez (et sentez) qu'il commence à pleurer, ses larmes éthériques tombant sur vous. Récitez la Prière des Larmes :

Tu verses tes larmes pour mettre fin à notre souffrance,
Et dans sept jarres, les voici qui s'écoulent
Lavant notre souffrance et notre mélancolie
Nous aidant à éteindre les flammes qui règnent ici bas.

En vous focalisant sur cette pluie éthérique, versez doucement de l'eau dans chacun des sept récipients, en ressentant pleinement qu'elle ne fait pas que représenter les larmes de Melek Ta'us, mais qu'elle EST ces larmes. Percevez sa lumière arc-en-ciel descendre dans chacune de des jarres, et de ces jarres jusqu'à vos chakras.

Voyez le pouvoir de la couleur rouge couler de la première jarre jusqu'à votre chakra de base. Sentez comme il se remplit de vitalité, de potentiel, de force de vie. Sentez votre fetch. Chantez ou renforcez le pouvoir dans la jarre et dans le chakra, comme vous le ferez pour tous les autres.
Toujours dans le domaine du fetch, sentez la couleur orange s'écouler de la seconde jarre jusqu'à votre second chakra, qui s'illumine grâce à une créativité débridée et au plaisir.
A présent, sentez comme votre fetch se mêle à votre talker environ au niveau de votre plexus solaire, où vous voyez de la couleur jaune s'écouler depuis la troisième jarre, lui offrant confiance et pouvoir.
Dans votre talker, la couleur verte se manifeste depuis la quatrième jarre, jusqu'au centre de votre coeur, l'emplissant de connexion, de communion et d'amour.
La vibration du talker s'élève à mesure que vous rapprochez de votre cinquième chakra dans votre gorge. Le bleu brille à travers la cinquième jarre et emplit votre centre d'énergie avec les qualités de communication.
Le talker se mêle au saint daemon (l'Âme Divine) dans votre sixième chakra - votre "Troisième Oeil". Une lumière violette s'écoule depuis votre sixième jarre emplissant votre chakra avec intellect, vision et rêves.
Vous sentez la présence de votre daemon au niveau de votre couronne, lumière blanche et cristalline qui brille à travers la septième jarre jusqu'à vous et vous emplit de compréhension, de connaissance et d'inspiration divine.

C'est le moment d'oindre vos chakras avec l'eau contenue dans chacune des jarres correspondantes. Sentez comme les larmes de Melek Ta'us vous nettoie et vous réconforte, comme un baume guérisseur pour votre âme. Sentez comme vous êtes soigné.
Tous les centres d'énergie de votre corps sont vivants et actifs. Sentez et voyez la lumière de chacun d'eux briller jusqu'à votre calice, qui s'illumine à présent d'une lumière arc-en-ciel multicolore et cristalline. 

Chantez ce qui vous vient, soyez inspiré, et voyez votre calice exploser d'un torrent d'énergie liquide et luminescente, dans laquelle Melek Ta'us apparaît désormais comme un paon parfaitement blanc. Buvez l'eau de votre coupe et sentez comme cette eau chargée - ses larmes éthériques - vous emplissent, vous offrent pouvoir et guérison. En buvant, voyez-le voler au-dessus de vous, dans les cieux, pleurant ses larmes guérisseuses au-dessus de vous, coulant jusqu'à cet espace en vous qui brûle d'un feu toxique. Entendez le feu crépiter alors que les larmes commencent à étouffer le feu. Sentez le feu être dompté jusqu'à ce qu'il ne reste plus que des cendres humides et de la suie.

Appelez Melek Ta'us jusqu'à vous. Sentez le descendre depuis les cieux, s'engouffrer dans votre couronne et rejoindre votre corps, se mouvant sensuellement à travers vous alors qu'il vous dépouille de toute impureté, pour finalement vous quitter à travers votre périnée avec un flot d'énergie érotique. Notez comme il emporte avec lui toutes les couleurs mornes de cette boue toxique. Il est couché à vos pieds, humide... Sale et noirci... Presque sans vie...

Sentez comme vous avez été purifié et renforcé. Sentez-vous briller d'une lumière arc-en-ciel, ouvrez-lui votre coeur, ainsi qu'aux sombres pouvoirs qu'il porte désormais en lui. Ouvrez-vous à la compassion... Ressentez cette compassion pas seulement pour le Dieu... Mais pour sa faiblesse ; votre faiblesse. Ressentez de la compassion pour le péché, pour le mal-agir, et même pour le mal - pas pour le justifier, mais pour dépasser le jugement et vous en libérer. Laissez cette compassion briller depuis votre cœur vers l'ange paon. 

Il reçoit toute cette compassion en lui, et se lève alors doucement, puis frappe trois fois le sol avec sa queue - emplissant les sept cieux de tonnerre ! - ; sonnez en même temps la cloche trois fois et il se transforme en un merveilleux paon multicolore, emplissant votre corps de sa luminescence arc-en-ciel une fois de plus. Savourez cette présence pendant un temps. 

Puis faites face au crâne, et ouvrez la Porte de l'Ouest comme vous avez coutume de le faire. En transe, pénétrez dans cet espace entre les vies... Et tenez vous au bord d'une rivière parmi les âmes qui ne sont pas encore passées dans la phase qui les attend au-delà de cette vie.

A présent, votre voyage débute vraiment. Laissez Melek vous guider jusqu'à un lieu où vous trouvez une ouverture dans la terre. 

Observez à quoi cette ouverture ressemble ; prenez une profonde respiration et descendez dans le Monde Souterrain. Dans une caverne... Plus bas... Toujours plus bas... D'abord froid, l'air devient de plus en plus chaud au fil de votre descente. Vous émergez finalement dans un lieu de flamme et de lumière... De tourment et de douleur. Voici la dimension transpersonnelle de l'Enfer, et vous êtes capable de percevoir les âmes qui sont enfermées ici, et qui pense qu'elles méritent d'être là.

Après avoir relevé autant de détails que vous pouvez le supporter, laissez la présence de Melek en vous se manifester et briller. Vous ferez peut-être l'expérience d'une grande tristesse face à la souffrance de tant de monde. Qu'il en soit ainsi. Laissez la compassion vous submerger. Si vous commencez à pleurer, ce sera pour le mieux... Laissez vos larmes devenir celles de Melek Ta'us, et voyez ses larmes éthériques tomber sur le sol brûlant, apaisant ces flammes comme elles auront apaiser le feu à l'intérieur de vous. Entendez le crépitement des flammes jusqu'à ce qu'elles s'éteignent. Peut-être souhaiterez-vous chanter la Prière des Larmes à nouveau.

Sentez la puissance des larmes de Melek, qui forment peu à peu un torrent d'eau éthérique qui nettoie cet espace, laissant à nouveau, à la place des flammes, des cendres humides et de la suie.Sentez comme ceux qui souffraient ici ont été apaisés et libérés ; sentez la lumière qui leur a été offerte afin qu'ils prennent conscience de leur état - et de leur pouvoir.

Une fois de plus, Melek brille d'une flamme luminescente ; il se déplace dans ce lieu, prenant sur lui toute la souffrance et la saleté, devenant à nouveau l'oiseau sale et chargé qu'il était avant. A nouveau, faites éclater votre compassion... Et par trois coups de sa queue sur le sol (et trois sons de cloche) il retrouve son apparence radiante à nouveau. En poussant un cri vif, il s'élève au-dessus de ce lieu.

Avec votre volonté, vous invitez les âmes à le suivre... Imaginez un escalier cristallin formant une spirale s'élever jusqu'à l'ouverture par laquelle vous avez accédé ici... En chantant, commencer à gravir les marches, et ayez conscience des âmes qui choisissent de vous suivre. Remontez et aidez-les à traverser la Rivière en projetant l'image mentale d'un pont qui la traverse (pensez à ne forcer personne à traverser le pont. Nous pouvons seulement leur montrer la voie, mais le chemin leur appartient).

Une fois prêt, retournez au monde des vivants et fermez la Porte de l'Ouest. Utilisez l'huile pour vous oindre et vous bénir. Remerciez Melek Ta'us... La Colombe... Le Serpent. Remerciez la Déesse Étoile et ouvrez le cercle.

Peut-être souhaiterez-vous manger quelque chose et réaliser un dernier rituel de purification. Faites comme bon vous semble.




30 mai 2015

Une Lune du Paon

Courte invocation, puisée dans "Pillars of Tubal Cain" de Nigel Jackson et Michael Howard, qui tisse le lien entre la Junon romaine, la reine des Fées (en roumain Doamna Zinelor) et diverses figures féminines issues du gnosticisme.

Traduction et (très large) adaptation personnelles.

 


Prépare l’autel avec flamme et parfum, plumes de paon et arcane de la Haute Prêtresse du Tarot. Fais sonner par deux fois la cloche magique et commence le Rite.





 Peacock angel, par Penny Slinger




Hommage à toi, Doamna Zinelor !

Sous la lune pleine, ouvrez-vous
Ô portes d'Argent de la Lune du Paon !
Car voici les vents de la nuit qui soufflent au loin
Et agitent la forêt des étoiles
Là où se cache la licorne solitaire
Qui de sa corne adoucit les eaux.

Dame Serpent, libératrice
Asht, Ennoia, descends et bénis
Par le miroir d'argent et la couronne triple !

Par la lumière des neiges, des étoiles et de la flamme,
L'âge de Junon revient ;
Et dans la Grande Chasse nous nous rangeons à tes côtés
Grande Hérodiana, sur la terre et la mer,
Dans la sainte demeure céleste
La Maison de la Sagesse nous réunit.

Hagia, Sophia, Aset, Epinoia,
Grande Fiancée de Dieu,
Souffle Saint de Parfaite Sagesse,
Viens, accorde-nous, Ô Généreuse Abbesse,
La sublime lustration de l'Aiôn de Junon Hérodias,
Offre-nous la gnose secrète de la Lune du Paon
Au nom de Dziana.