Le 21 octobre, on fête la Sainte
Ursule sur le calendrier. Ursule fait partie de ces saintes chrétiennes
qui m’inspirent. Son nom, qui signifie “petite ourse”, me la rend
particulièrement sympathique. Y aurait-il un lien avec une déesse ourse,
ou liée à l’ours, plus ancienne ? Je n’en sais rien, n’ayant trouvé
aucune source fiable à ce sujet, mais pourquoi pas :-) D’autres pistes païennes ont en revanche été explorées, j’en parlerai plus loin.
Sainte Ursule et ses compagnes dans une nef, Musée de l’Oeuvre Notre-Dame, Strasbourg
Qui est Ursule ? Princesse chrétienne
d’origine bretonne, on dit qu’elle fut martyrisée, en compagnie d’autres
vierges, par les Huns, pour avoir refusé d’épouser un de leurs chefs.
Ses compagnes étaient au nombre de 10 dans certains récits, et jusqu’à
11 000 dans d’autres ! D’après mes recherches, c’est une sainte
importante dans tout le bassin rhénan, dans le nord de la France et aux
Pays-Bas ; elle est notamment la patronne de Cologne, en Allemagne. On
la représente vêtue d’un manteau miraculeux qui aurait la capacité de
protéger de tout mal. Elle est aussi souvent accompagnée de flèche(s) et
d’un bateau, parfois de lampes ou de torches.
En me tâtant pour écrire à son sujet,
fouillant deci-delà, j’ai aussi découvert qu’elle était patronne des
instituteurs, ce qui m’a tout naturellement fait sourire puisque
instit’, c’est mon métier “moldu”, et que j’ai pas mal réfléchi
récemment à son lien avec mon travail spirituel. Bref, merci les
synchronicités ! Elle est aussi la protectrice des jeunes filles et la
patronne des drapiers.
Oskar Schade, élève de Jakob Grimm, s’est
penché sur Ursule dans son écrit “Die Sage von der heiligen Ursula und
den elftausend Jungfrauen. Ein Beitrag zur Sagenforschung” ; il
soupçonne l’existence d’un lien entre Ursule et certaines divinités du
panthéon germanique ancien. Son voyage en bateau la rapprocherait de
Nehalennia ; mais Schade penche aussi pour une parenté avec Berchta (ou
Holda). En effet, Ursule est patronne des drapiers, et donc reliée aux
travaux du fil – au passage, drapiers rhénans qui, au Moyen-Âge,
travaillent essentiellement à la réalisation de voiles pour la marine… Donnant ainsi sens aux deux rapprochements.
Un de mes ouvrages sur le folklore alsacien cite un proverbe qui vient apporter un peu d’eau au moulin …
"Im Weinmonat... Ursulsspindel"
[Au mois des vendanges… Quenouille d’Ursule]
La Sainte-Ursule aurait, d’après ce même
ouvrage, marqué traditionnellement l’entrée, au moment des dernières
récoltes, dans le temps des veillées. Pour les femmes, il s’agissait
alors de se consacrer essentiellement aux travaux du fil, comme le
souligne la mention de la quenouille d’Ursule… Rappelant effectivement
la personnalité de Berchta/Holda (selon les lieux), voire même de Frigg,
qu’on retrouve sous le nom de Frija dans certaines légendes locales.
Mon esprit s’emballe, il y aurait
beaucoup à dire sur ces veillées et sur le travail du fil, quelques
légendes de sorcières et de fées à raconter et bien des liens à tisser
avec des divinités et des coutumes plus anciennes… Mais je garde ça au
chaud pour de prochains articles qui verront le jour pendant la période
sombre. En attendant, je m’en vais servir un petit verre à Berchta,
allumer une bougie à Ursule, et ressortir mon matériel à broder pour
entrer, moi aussi, dans le temps des veillées :-)
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